Lucille Viaud : L’art de transformer les déchets en trésors

Lucille Viaud, créatrice verrière originaire de Bretagne, incarne une nouvelle génération d’artistes engagés qui allient créativité, innovation et responsabilité environnementale. À seulement 27 ans, elle a su s’imposer sur la scène artistique grâce à son projet unique de géoverrerie, qui consiste à transformer des déchets marins en objets de décoration et de vaisselle.

Un parcours académique et professionnel marquant

Lucille Viaud a débuté son parcours à l’école Boulle, où elle obtient un diplôme en design d’objets après cinq années d’études. Ce cadre académique lui permet d’explorer sa passion pour les matériaux, une démarche qui l’amène à questionner son impact en tant qu’artiste. Plutôt que de se concentrer sur l’objet fini, Lucille choisit de s’intéresser à la matière première, souhaitant maîtriser entièrement la chaîne de production. C’est pendant ses études qu’elle développe son projet d’entreprise, basé sur la revalorisation des déchets marins en Bretagne.

La géoverrerie : une innovation au service de l’environnement

Le concept de géoverrerie est né de l’intérêt de Lucille pour les ressources issues de la pêche et de l’aquaculture. Elle commence par travailler sur le cuir de poisson, puis élargit ses recherches à d’autres matériaux tels que les coquillages et les algues. En 2015, elle parvient à créer son premier verre, marquant le début de son aventure entrepreneuriale. Lucille souligne l’importance de l’expérimentation et de la recherche pour transformer ces déchets en matériaux d’exception.

« Mon entreprise, c’était mon projet de diplôme », déclare-t-elle, illustrant l’ambition qui l’anime depuis le début. Son Atelier Lucile Viaud, qui a récemment connu un tournant décisif, est désormais reconnu pour son engagement en faveur de l’environnement et la préservation des ressources naturelles.

Un lien profond avec son territoire

Les créations de Lucille Viaud ne sont pas seulement des objets ; elles racontent une histoire liée à leur territoire d’origine. Chaque pièce de verre est fabriquée à partir de ressources locales, qui apportent une couleur et une esthétique uniques. Par exemple, le verre marin Glaz, issu de déchets marins bretons, évoque les nuances de bleu et de vert caractéristiques de la région. Lucille travaille également sur des productions inspirées d’autres territoires, comme le verre de Rouergue, réalisé avec du sable, du bois et des coquilles d’escargot d’Aveyron.

Elle explique : « Ce qui me passionne dans mon métier, c’est le champ infini de la création. Chaque territoire recèle de matières premières délaissées, qui peuvent aboutir à une nouvelle recette de verre. » Actuellement, elle explore la possibilité de créer des verres à partir de ressources des Iles du Ponant et de Moselle.

L’entrepreneuriat au féminin

Devenir entrepreneuse à 20 ans n’a pas été une tâche facile pour Lucille. « Quand on a 20 ans, qu’on est une femme et qu’on se lance dans un projet artistique, il faut vraiment s’accrocher », confie-t-elle. Malgré son expertise créative, elle a dû apprendre les bases de l’entrepreneuriat, notamment sur les aspects administratifs et financiers. Grâce au soutien d’Initiative Rennes, elle a pu bénéficier d’un accompagnement essentiel, qui a été crucial pour la pérennité de son entreprise.

Lucille a également été récompensée par le prix Jeune au concours Savoir-faire demain, qui met à l’honneur des projets à impact positif sur les territoires et l’environnement. Ce prix symbolise non seulement une reconnaissance de son travail, mais aussi une source d’inspiration pour les jeunes entrepreneurs qui souhaitent croire en leurs rêves.

Une démarche artistique unique

Le travail de Lucille Viaud est un véritable mélange d’art et de science. En résidence à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes, elle mène des recherches sur les compositions verrières et leurs applications futures. Sa capacité à fusionner la création artistique avec une approche scientifique permet à son œuvre d’évoluer constamment, tout en respectant des principes de durabilité.

Parmi ses réalisations, elle propose une collection d’objets de table, incluant gobelets et pots, ainsi que des éléments décoratifs comme des boules à suspendre en verre marin. Chaque pièce est le fruit d’une recherche minutieuse et d’un profond respect pour l’environnement.

Conclusion

Lucille Viaud est bien plus qu’une créatrice de verre ; elle est une pionnière de l’upcycling et une fervente défenseure de l’environnement. Son projet de géoverrerie, qui mêle passion pour l’art et souci de la planète, illustre comment la créativité peut contribuer à la préservation des ressources naturelles. À travers ses œuvres, elle nous invite à repenser notre relation avec les matériaux et à envisager un avenir où l’art et la durabilité vont de pair. Avec un parcours déjà riche et des projets ambitieux en cours, Lucille Viaud s’affirme comme une artiste à suivre, dont l’impact sur le monde de l’art et de l’entrepreneuriat ne fait que commencer.